Dopée par les déboires du nucléaire, la centrale de Saint-Avold meurt en bonne santé

AFP

15/02/2022 | 746 mots | ENERGIE RECRUTE | NUCLÉAIRE
Dopée par les déboires du nucléaire, la centrale de Saint-Avold meurt en bonne santé

Au milieu des tonnes de charbon dont il a la charge, Sylvain Krebs avoue avoir un "petit pincement au coeur" devant une page de l'histoire de la Moselle qui se tourne avec la fermeture annoncée, le 31 mars, de la centrale de Saint-avold.

En attendant sa mise à mort, cette centrale -l'une des deux dernières fonctionnant au charbon sur le sol français avec celle de Cordemais (Loire-Atlantique)-, tourne pourtant à plein régime afin de pallier l'arrêt impromptu de plusieurs réacteurs nucléaires d'EDF.

Un regain d'activité permis par un décret ministériel du 5 février qui l'autorise à fonctionner 1.600 heures jusqu'à son arrêt définitif, au lieu des 700 heures prévues initialement.

Dans la salle des commandes de la centrale Emile Huchet, David George ne lâche pas les écrans du regard. "Tout est informatisé maintenant, avant c'était des boutons", dit-il en montrant une photo prise dans les années 1980. 

"Ce n'est pas qu'une industrie qui ferme mais une page qui se tourne" dans une région, la Lorraine, qui a déjà fait le deuil de ses mines de charbon et de ses gueules noires, relève ce cadre technique de 49 ans.

S'il reconnaît une pointe de "nostalgie", Sylvain Krebs, tout comme ses collègues, était bien conscient que le charbon, "ça finirait" un jour et bien conscient aussi des "effets nocifs" sur l'environnement avec des émissions massives de CO2. Mais tout de même : "Pendant 150 ans, on en a profité".

Désormais, les salariés de la centrale entendent devenir des "pionniers" des énergies vertes en France. "J'espère qu'on va recréer une activité pour 200 ans comme ce qui s'était passé avec le charbon, mais cette fois-ci avec l'hydrogène" qui devrait être produite sur le site à l'avenir, s'enthousiasme Sylvain Krebs, 46 ans.

- Du charbon à la biomasse -

En attendant, les installations vont être démantelées pour permettre la construction d'une chaudière fonctionnant avec la biomasse, un projet que l'Etat entend soutenir à hauteur de 12,7 millions d'euros, avait indiqué en décembre la ministre de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher. 

"On va développer une chaudière biomasse de 20 mégawatts qui va brûler du bois à la place du charbon", explique ainsi Camille Jaffrelo, porte-parole de GazelEnergie, l'entreprise propriétaire de la centrale Emile Huchet. 

Cette future chaudière devrait permettre de fournir de la "chaleur verte" aux industriels de la plateforme chimique voisine de Carling, précise-t-elle.

L'environnement y trouvera-t-il son compte ? Comme d'autres associations, France Nature Environnement en doute. Pour Michel Dubromel, responsable des questions énergétiques au sein de l'ONG, la nouvelle installation sera certes "moins polluante" que la centrale à charbon, mais à condition de ne pas "raser des forêts" pour la faire fonctionner.

- Inquiétudes sur l'emploi -

Le directeur de la centrale, Philippe Lenglart, espère, lui, voir le chantier débuter dans les premiers mois de 2023.

Sur les 87 salariés de la centrale à charbon, 49 vont partir à la retraite, huit ont reçu des promesses d'embauche au sein de la nouvelle installation et deux restent "sans solution", précise-t-il, expliquant que les autres, qui ont bénéficié d'un plan de départs volontaires, ont trouvé des emplois "à l'extérieur de l'entreprise".

La future chaudière devrait employer à terme une vingtaine de salariés auxquels devraient s'ajouter ceux oeuvrant à la production d'hydrogène. Mais pas de quoi rassurer pleinement Pascal Bernardi, délégué syndical de Force Ouvrière de la centrale. Le projet, remarque-t-il, n'est pas encore "gravé dans le marbre".


Newsletter d'actualités énergie et environnement

Inscrivez-vous gratuitement à la newsletter énergie et environnement hebdomadaire !

Dans la même thématique :


Peut-on sauver la Terre d’un astéroïde avec une explosion nucléaire ?
26/09/2024 | ENERGIE RECRUTE | Nucléaire

Des chercheurs explorent la possibilité d'utiliser une bombe nucléaire pour dévier la trajectoire d'un astéroïde menaça...


20/09/2024 | ENERGIE RECRUTE | Nucléaire

Une quinzaine de pays favorables au nucléaire se retrouvent à Paris cette semaine pour une conférence internationale sous l'égide de l&...


L'énergie nucléaire, un atout majeur contre le changement climatique selon l'AIEA
18/09/2024 | ENERGIE RECRUTE | Nucléaire

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a relevé ses prévisions de croissance pour l'énergie nucléaire, d&e...

Lire aussi :


Nucléaire : la Corée du Sud poursuit son expansion avec deux nouveaux réacteurs
12/09/2024 | ENERGIE RECRUTE | Nucléaire

La Corée du Sud a approuvé la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires sur sa côte est, marquant un tournant dans sa politi...


Lancement du débat public sur la construction de 2 réacteurs EPR à Gravelines
11/09/2024 | ENERGIE RECRUTE | Nucléaire

Le débat public sur la construction de deux réacteurs nucléaires EPR à Gravelines, près de Dunkerque (Nord), dans un contexte de rel...


Fukushima: un nouvel essai pour retirer des débris radioactifs prévu mardi
09/09/2024 | ENERGIE RECRUTE | Nucléaire

L'exploitant de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, Tepco, a annoncé qu'une nouvelle tentative de retrait d'un échantillon d...