L'Iran proclame des avancées dans son programme nucléaire

TEHERAN, 15 février (Reuters) - L'Iran, soupçonné par l'Occident et Israël de vouloir se doter de l'arme atomique, a présenté mercredi des avancées dans son programme nucléaire, notamment une nouvelle génération de centrifugeuses capables d'enrichir plus rapidement l'uranium.

Le réacteur de recherche de Téhéran a par ailleurs été alimenté par du combustible nucléaire produit pour la première fois en Iran. L'événément, auquel participait le président Mahmoud Ahmadinejad, était transmis en direct à la télévision.

"Les puissances arrogantes ne peuvent plus monopoliser la technologie nucléaire. Elles ont tenté, par des sanctions et des résolutions, de nous empêcher d'y accéder mais elles ont échoué", a dit Mahmoud Ahmadinejad. "Nous allons continuer sur la voie du nucléaire", a-t-il promis.

La République islamique a cependant adressé à la porte-parole de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, une lettre disant que Téhéran était disposé à "avoir de nouvelles discussions, de manière constructive", sur son programme nucléaire.

Les services de Catherine Ashton ont confirmé avoir reçu une réponse des autorités iraniennes à l'offre de négociations faite en octobre dernier. Cette réponse est actuellement à l'étude, en concertation avec les Etats-Unis, la Russie, la Chine et les autres partenaires de l'UE.

A Téhéran, le président Ahmadinejad a déclaré que les nouvelles centrifugeuses étaient en mesure d'enrichir l'uranium trois fois plus vite que les précédentes installations. Il s'est également félicité de la production, pour la première fois au niveau local, de barres de combustible qui alimenteront désormais le réacteur de recherche de Téhéran.

"C'est un signe du succès de nos scientifiques", a-t-il dit.

Le réacteur de Téhéran était jusqu'ici alimenté par du combustible nucléaire fourni par les Argentins dans les années 1990.

La publication en novembre d'un rapport de l'AIEA qui conclut à l'existence d'un volet militaire dans les recherches nucléaires iraniennes a amené les puissances occidentales à durcir leurs sanctions.

Après les Etats-Unis en décembre, les Etats membres de l'Union européenne se sont entendus fin janvier pour boycotter le pétrole iranien à compter du 1er juillet. L'UE représentait 25% des exportations iraniennes au troisième trimestre 2011.

l'ARME DU PETROLE

Dans cette partie de bras de fer, la chaîne iranienne en langue anglaise Press TV a annoncé mercredi que l'Iran avait suspendu ses exportations de pétrole vers six pays européens - Espagne, France, Grèce, Italie, Pays-Bas et Portugal.

Cette suspension a cependant été démentie par le ministère iranien du Pétrole. "Nous opposons un démenti à cette information (...) Cette décision, si elle est prise, sera annoncée par le Conseil de sécurité national suprême iranien", a dit à Reuters un porte-parole du ministère.

A Bruxelles, une porte-parole de la Commission européenne a relativisé la mesure envisagée par Téhéran en précisant que les Vingt-sept disposaient d'environ 120 jours de réserve de pétrole au total.

La législation en vigueur au sein de l'UE oblige les Etats membres à détenir au moins 90 jours de réserve de produits pétroliers sous forme de brut et de produits raffinés.

Israël, qui considère le programme nucléaire supposé de Téhéran comme une menace pour sa survie, n'a pas exclu une frappe militaire contre l'Iran.

La République islamique a promis dans ce cas une riposte "douloureuse" qui viserait Israël et les bases américaines dans le Golfe. Elle a aussi menacé de bloquer le détroit d'Ormuz, par où transitent plus de 35% du pétrole transporté par voie maritime à travers le monde.

A Moscou, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a plaidé pour une reprise du dialogue avec Téhéran. Selon lui, les sanctions de l'Onu d'abord, puis des pays occidentaux ensuite, n'ont eu aucun effet.

"L'alternative (aux sanctions), c'est le lancement de négociations sérieuses avec les Iraniens", a-t-il dit.

Il n'a pas caché que Moscou s'inquiétait des progrès de l'Iran dans le domaine nucléaire. La Russie, a-t-il poursuivi, ne pourrait accepter que la République islamique dispose de l'arme nucléaire mais ne voit pour l'instant aucune preuve de desseins militaires dans le programme iranien. (Tangi Salaün, Gregory Schwartz, Jean-Loup Fiévet et Guy Kerivel pour le service français, édité par Gilles Trequesser)