L'UE sanctionne le pétrole iranien, Téhéran menace


24/01/2012 | 987 mots | ENERGIE RECRUTE | PÉTROLE, GAZ, CHARBON

BRUXELLES/TEHERAN, 23 janvier (Reuters) - L'Union européenne a gelé lundi ses importations de pétrole iranien, se joignant aux Etats-Unis pour frapper au coeur de l'économie de la république islamique et sanctionner la poursuite par Téhéran d'activités nucléaires controversées.

La décision de l'UE interdit tout nouveau contrat concernant l'importation, l'achat ou le transport de pétrole iranien mais les contrats déjà signés entre l'Iran et les pays membres pourront être honorés jusqu'au 1er juillet.

Cette approche graduelle vise à répondre aux inquiétudes des pays du sud de l'Europe - Italie, Espagne, Grèce - qui dépendent fortement du brut iranien pour répondre à leurs besoins, et à leur donner du temps pour trouver d'autres fournisseurs.

L'embargo s'accompagne d'un gel des actifs de la banque centrale d'Iran et de toutes ses transactions liées au pétrole, ainsi que toutes ses transactions en or et métaux précieux.

Bien qu'attendue, cette décision validée par les ministres des Affaires étrangères européens à Bruxelles devrait donner lieu à une nouvelle flambée de rhétorique belliqueuse dans une région du Golfe déjà en proie à de vives tensions.

Un haut responsable du parlement iranien a immédiatement répondu à l'initiative européenne en renouvelant la menace d'une fermeture du détroit d'Ormuz, par où transite un cinquième du brut mondial.

L'ancien ministre iranien des Renseignements Ali Fallahian a de son côté souhaité que Téhéran cesse dès maintenant de vendre du pétrole à l'UE, son premier client avec la Chine.

L'Iran assure que son programme nucléaire vise à augmenter sa production d'électricité pour faire face à des besoins en énergie croissants mais l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a estimé dans un rapport en novembre que l'Iran avait travaillé à la conception d'une bombe atomique.

L'AIEA doit retourner en Iran du 29 au 31 janvier avec l'espoir de "régler toutes les questions importantes en suspens".

MOSCOU INQUIET MAIS GARDE ESPOIR

Les sanctions européennes vont s'ajouter aux mesures de rétorsion similaires prises par les Etats-Unis le 31 décembre.

Lundi soir, l'administration Obama a en outre décrété des sanctions à l'encontre de la banque Tejarat, troisième établissement bancaire iranien et filiale de la Trade Capital Bank, utilisée par certains constructeurs automobiles européens présents en Iran.

Par cet effort sans précédent engagé contre le secteur pétrolier iranien, qui pèse déjà sur le rial, la monnaie iranienne, et provoque une hausse du prix des denrées de base en Iran, les Occidentaux espèrent conduire Téhéran à rouvrir des discussions et éloigner le risque d'une intervention militaire.

Les pourparlers menés par le groupe P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu - Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne - et l'Allemagne) avec l'Iran sont au point mort depuis l'échec de la conférence d'Istanbul il y a un an.

"Je veux que la pression de ces sanctions conduise à des négociations", a déclaré à la presse la Haute Représentante de la politique extérieure de l'UE, Catherine Ashton. "Je veux voir l'Iran revenir à la table des discussions, soit en reprenant toutes les idées que nous avons proposées (...) l'an dernier (...) soit en apportant ses propres idées."

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a estimé que l'embargo européen constituait un "pas dans la bonne direction" dont il est trop tôt pour connaître l'impact.

Malgré l'embargo de l'UE, la Russie a dit avoir encore un "solide espoir de reprendre ces discussions dans le plus proche avenir". Mais dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères dit regretter ces nouvelles sanctions et exprime son inquiétude.

La Chine, qui refuse d'appliquer un embargo malgré les pressions occidentales, n'a pas réagi.

UN PORTE-AVIONS US DANS LE GOLFE

L'Iran est le deuxième producteur de brut de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) derrière l'Arabie saoudite et produit environ 3,5 millions de barils par jour, selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie.

Les pays européens importent environ 600.000 barils sur les 2,6 millions qui sont exportés chaque jour. L'impact de l'embargo sur les économies des pays membres sera évalué avant le 1er mai, ce qui pourrait jouer sur la date de la pleine entrée en vigueur des sanctions, notent des diplomates.

L'un des pays de l'UE les plus exposés est la Grèce, qui importe d'Iran près du quart de son pétrole, grâce à des conditions financières favorables avec Téhéran.

L'Arabie saoudite, le Koweït et d'autres pétromonarchies du Golfe devraient augmenter leur production pour compenser la perte du brut iranien et préserver la stabilité du marché.

La fermeture du détroit d'Ormuz, l'étroit chenal par où transitent un tiers des livraisons de pétrole mondiales acheminées par voie maritime, provoquerait un séisme à l'échelle internationale et les Etats-Unis ont averti qu'ils ne toléreraient pas une telle mesure.

Le porte-avions américain Abraham Lincoln a pénétré dimanche sans encombre dans les eaux du Golfe, ce que l'US Navy comme les autorités iraniennes ont présenté comme une manoeuvre de routine malgré le contexte tendu.

Les puissances occidentales n'en ont pas moins noté le caractère symbolique de ce franchissement du détroit par l'Abraham Lincoln en compagnie d'une frégate britannique, l'Argyll, et de la frégate française La Motte-Picquet.

"Le HMS Argyll et un navire français ont rejoint le groupe aéronaval américain (...) pour souligner l'engagement sans faille de la communauté internationale pour maintenir les droits de passage conformément au droit international", a déclaré le ministère britannique de la Défense. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Gilles Trequesser)


Newsletter d'actualités énergie et environnement

Inscrivez-vous gratuitement à la newsletter énergie et environnement hebdomadaire !

Dans la même thématique :


Prison pour l'ex-directeur d'AZF, qui ira en cassation
25/09/2012 | ENERGIE RECRUTE | Pétrole, Gaz, Charbon

TOULOUSE, 24 septembre (Reuters) - La justice française a estimé lundi que l'ancien directeur de l'usine AZF et la société Grande Paroisse étaient pénalement responsables de l'...


ENCADRE-AZF-La justice entérine la thèse de l'explosion chimique
25/09/2012 | ENERGIE RECRUTE | Pétrole, Gaz, Charbon

TOULOUSE, 24 septembre (Reuters) - La thèse d'un accident chimique a été validée lundi par la justice française comme étant à l'origine de l'explosion de l'usine AZF en 2001 à Tou...


17/09/2012 | ENERGIE RECRUTE | Pétrole, Gaz, Charbon

PARIS, 15 septembre (Reuters) - Au lendemain de l'énoncé par le président François Hollande de fortes ambitions en matière d'excellence écologique, Jean-Marc Ayrault a conclu sam...

Lire aussi :


15/04/2024 | ENERGIE RECRUTE | Pétrole, Gaz, Charbon

Le gouvernement a annoncé vendredi des mesures de "simplification" pour diviser par deux les délais d'instruction de permis de recherches d...


France: les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 4,8% en 2023
20/03/2024 | ENERGIE RECRUTE | Pétrole, Gaz, Charbon

Les émissions de gaz à effet de serre ont poursuivi leur recul en France, enregistrant une baisse de 4,8% en 2023 par rapport à 2022, a annonc&eac...


15/03/2024 | ENERGIE RECRUTE | Pétrole, Gaz, Charbon

Technip Energies a annoncé jeudi avoir été sélectionné par la compagnie pétrolière d'Abou Dhabi, Adnoc, pour insta...