La filière nucléaire française

Voici les principales caractéristiques de la filière française:

LE PARC NUCLÉAIRE

* La France compte 58 réacteurs à eau pressurisée répartis dans 19 centrales sur tout le territoire pour une puissance totale de 63.260 mégawatts (MW). On dénombre 104 réacteurs aux Etats-Unis et 55 au Japon. EDF construit un réacteur de nouvelle génération EPR à Flamanville (Manche) et prévoit d'en construire un second à Penly (Seine-Maritime).

* Près des trois quarts (74%) de l'électricité produite en France provenait du nucléaire en 2010. La part du nucléaire représente environ 18% de la consommation énergétique globale.

* La centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) est la plus ancienne: elle a été mise en service en 1977. Elle possède deux réacteurs de 900 MW. Civaux (Vienne) est la centrale la plus récente avec la mise en service du réacteur numéro 2 en 1999. Elle possède deux réacteurs de 1.450 MW.

INCIDENTS DANS LES CENTRALES FRANÇAISES

L'incident le plus grave jamais répertorié sur un réacteur en France est survenu en mars 1980 à la centrale de Saint-Laurent, entre Orléans et Blois. Il a été classé au niveau 4 sur l'échelle Ines (International nuclear event scale). L'accident au Japon est pour l'instant classé au même niveau.

En 2009, la France a recensé 699 incidents de niveau zéro, 95 incidents de niveau 1 et un incident de niveau 2.

LES ACTEURS DE LA FILIÈRE

* EDF: premier producteur nucléaire mondial, détenu à 84,5% par l'Etat. Il exploite les 58 réacteurs français.

* Areva : premier constructeur mondial de réacteurs nucléaires, détenu à près de 90% par l'Etat (essentiellement le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives - CEA). Areva exploite également des mines d'uranium, enrichit et retraite le combustible utilisé.

* L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) assure le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France et contribue à l'information des citoyens.

En 2008, l'ASN a procédé à 494 inspections - dont 108 inopinées - dans les réacteurs nucléaires d'EDF. Elle a annoncé samedi un renforcement des mesures radiologiques dans l'atmosphère pour surveiller les éventuelles conséquences de l'accident de Fukushima, au Japon.

* L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) participe à la surveillance radiologique de l'environnement et gère les bases de données nationales sur le nucléaire (matières nucléaires, sources radioactives, suivi de l'exposition des travailleurs soumis aux rayonnements ionisants). Après Fukushima, l'IRSN a promis de mettre en ligne en temps réel les données liées à l'accident japonais.

* Le CEA se consacre à la recherche et à l'innovation dans les énergies décarbonées et participe à la surveillance des installations.

LA VIE DES CENTRALES

* EDF estime que les réacteurs français ont été conçus pour fonctionner au moins 40 ans et espère étendre leur durée de vie à 60 ans, à l'instar de certains réacteurs aux Etats-Unis. La réglementation française ne prévoit pas d'imposer une durée limite d'exploitation.

* Une visite est obligatoire tous les dix ans pour la poursuite de l'activité. En juillet 2009, l'ASN a annoncé qu'elle n'avait pas d'objection de principe à une prolongation jusqu'à 40 ans de la durée de vie des centrales mais qu'elle se prononcerait réacteur par réacteur.

* L'ASN a autorisé fin 2010 l'exploitation pour dix années supplémentaires du réacteur nucléaire numéro un de la centrale du Tricastin (Drôme), qui est en fonctionnement depuis 1980. Il s'agit de la première prolongation de la durée de vie d'un réacteur nucléaire au delà de trente ans en France. (Voir [nLDE6B213K])

PROCÉDURE EN CAS DE PROBLÈME

* En cas d'incident ou d'accident, EDF prévient l'ASN, qui classe le problème en fonction de son degré de gravité.

* Chaque centrale possède un plan d'urgence interne soumis aux pouvoirs publics. En cas de déclenchement de ce plan, EDF prévient la préfecture du département.

* Le préfet organise le dispositif sur le terrain (alerte, mise à l'abri, évacuation, distribution de comprimés d'iode). Il agit dans le cadre du plan particulier d'intervention (PPI) et assure l'information des populations et des élus.

* Le ministère de l'Intérieur peut mettre à disposition du préfet des moyens de renfort matériels et humains. Le ministre de l'Industrie coordonne la communication.

* L'ASN vérifie le bien-fondé des dispositions prises par EDF, apporte son conseil au préfet et au gouvernement pour les mesures à prendre concernant la protection des populations et contribue à l'information du public.

* L'ASN dispose de son propre centre d'urgence relié aux installations nucléaires par des lignes dédiées sécurisées.

* Le centre d'urgence a été activé en conditions réelles à huit reprises, par exemple en 1999, lorsque la centrale nucléaire du Blayais (Gironde) a été inondée après une tempête. (Mathilde Cru, édité par Laure Bretton)