Obama veut corriger les déséquilibres avec Pékin

Les Etats-Unis et la Chine doivent corriger leurs déséquilibres économiques s'ils veulent s'épargner des "tensions énormes" dans leurs relations, a déclaré lundi Barack Obama dans une interview accordée à l'agence Reuters.

Trois jours avant de s'envoler pour une tournée de neuf jours en Asie, le président américain a estimé que les deux puissances devaient travailler ensemble sur les grands dossiers, et que toute concurrence entre elles devait être équitable et amicale.

"Sur les questions cruciales, que ce soient le changement climatique, la reprise économique ou la non-prolifération nucléaire, il est très dur d'envisager la réalisation de nos objectifs respectifs si nous ne travaillons pas ensemble", a estimé Barack Obama.

Interrogé dans le bureau ovale de la Maison blanche, le président a constaté le "profond déséquilibre" des relations économiques sino-américaines au cours des dernières décennies, avec l'accroissement du déficit commercial américain et l'énorme montant des bons du Trésor américains accumulés par la Chine.

Barack Obama a indiqué qu'il comptait évoquer avec les dirigeants chinois la question délicate du yuan, la monnaie chinoise, que les industriels américains jugent largement et sciemment sous-évaluée.

"Alors que nous sortons d'une situation d'urgence, d'une situation de crise, je suis convaincu que la Chine voudra de plus en plus trouver un modèle viable sur le long terme", a-t-il dit. "Ils possèdent d'énormes quantités de dollars américains, notre réussite est donc importante pour eux."

"Le revers de la médaille, c'est que si nous ne réglons pas certains de ces problèmes, cela créera des tensions énormes dans nos relations, d'un point de vue à la fois économique et politique", a ajouté le président américain.

LE CLIMAT AU MENU

Une consommation excessive des Etats-Unis alimentée par le crédit d'un côté, une politique d'exportation agressive et des prêts accordés en quantité par l'Asie de l'autre, ont fait gonfler une bulle économique à l'échelle planétaire qui a éclaté l'an dernier.

Les Etats-Unis s'efforcent d'inciter la Chine à consommer davantage, en achetant au passage des biens américains, tout en s'engageant à épargner plus et emprunter moins.

Barack Obama a également déclaré que le changement climatique figurerait au menu de ses discussions avec son homologue chinois Hu Jintao, et il a souhaité la conclusion d'un accord-cadre entre Washington et Pékin qui pourrait selon lui relancer les négociations actuellement bloquées sur la question.

"L'essentiel aujourd'hui est que les Etats-Unis et la Chine, les deux principaux pays émetteurs du monde, soient capables de s'entendre sur un cadre auquel tous les autres grands émetteurs, comme les Européens et des pays comme l'Inde, qui seront de grands émetteurs dans le futur, pourront adhérer", a-t-il dit.

"Je reste persuadé qu'entre aujourd'hui et Copenhague, nous pourrons parvenir à cet accord de principe", a-t-il ajouté par allusion à la conférence qui se tiendra du 7 au 18 décembre dans la capitale danoise pour tenter de trouver un successeur au protocole de Kyoto sur la baisse des gaz à effet de serre.

C'est la première fois depuis son entrée en fonctions il y a dix mois que Barack Obama se rendra en Chine. Mais il rencontrera pour la troisième fois Hu Jintao en tête à tête.

Le gouvernement américain s'efforce de développer une politique, entamée sous George W. Bush, consistant à encourager la Chine à jouer un rôle plus important sur la scène mondiale, avec l'espoir que Pékin pourra user de son influence sur les dossiers iranien ou nord-coréen.

L'un des signaux les plus clairs envoyés dans ce contexte par Washington a été la décision, adoptée en septembre à Pittsburgh, de faire du G20 le premier forum mondial de discussion sur les grandes questions économiques.

Obama se rendra au Japon, à Singapour, en Chine et en Corée du Sud lors de sa tournée. Son interview à Reuters a duré 21 minutes. Jean-Stéphane Brosse