Entre la France pro-nucléaire et l'Allemagne sortie de l'atome cette année, la stratégie énergétique est l'une des principales pommes de discorde.
Le sujet sera au coeur des discussions entre le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron, qui se retrouvent lundi et mardi à Hambourg (nord de l'Allemagne).
- L'énergie au carrefour des crises
Ces frictions sur la politique énergétique sont récurrentes entre les deux pays mais l'enjeu a pris un tour vital avec la crise des prix de l'énergie qui secoue l'Europe depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022.
Lorsque les prix du gaz ont atteint des sommets, l'Allemagne, initialement réticente, s'est ralliée à l'idée d'une refonte du marché de l'électricité au sein de l'UE.
Les objectifs ne font guère débat: faire baisser les factures des ménages et des entreprises et les stabiliser dans la durée, assurer un approvisionnement suffisant, encourager le développement des énergies décarbonées pour atteindre les objectifs climatiques.
Les moyens d'y arriver donnent lieu depuis des mois à une bataille dans les coulisses de Bruxelles entre Paris et Berlin. "L'intensité de cette dispute franco-allemande sur l'énergie est nouvelle et contre-productive", note l'expert Philipp Jäger, dans une note pour le centre Jacques Delors à Berlin.
Pression supplémentaire: l'industrie européenne est menacée par le prix avantageux de l'énergie chez le concurrent américain. La compétitivité de l'Allemagne, où l'industrie représente environ 20% du PIB, est en première ligne.
Les ministres de l'Energie de l'UE se réuniront le 17 octobre pour tenter de trouver un compromis qui leur permettrait d'entamer des négociations finales avec l'objectif, très incertain, de boucler la réforme cette année.
- Le nucléaire, noeud du conflit
L'industrie française profite depuis des années de prix de l'électricité avantageux. EDF, qui exploite les 56 centrales nucléaires du pays, est légalement tenue de céder une partie de sa production à prix cassé.
Ce mécanisme expire fin 2025. Paris souhaite profiter de la réforme du marché européen de l'électricité pour maintenir un niveau de prix favorable.
L'un des points-clés de la réforme proposée par la Commission européenne est le développement d'instruments de long terme -- "contrats pour la différence" (CFD) -- grâce auxquels l'Etat garantirait un prix fixe aux producteurs d'électricité.
Si les prix du marché tombent en dessous d'une fourchette tarifaire définie, l'Etat est tenu de compenser le producteur.
Si les prix du marché dépassent les seuils, l'Etat a le droit de disposer des recettes excédentaires du producteur pour soutenir les ménages et les entreprises.
Pour Paris, il est essentiel que ces contrats couvrent les centrales nucléaires déjà existantes, en cas d'investissements destinés à prolonger leur durée de vie ou à accroître leur capacité.
L'Allemagne est réfractaire à cette idée, considérant que les CFD ne doivent pas aller aux installations déjà amorties. Pour Berlin, l'investissement dans les énergies renouvelables doit être favorisé. Berlin exige un encadrement plus strict de la redistribution des recettes issues des CFD.
En arrière-plan, la France reproche à l'Allemagne d'être restée trop longtemps dépendante du gaz russe et d'avoir relancé la production de ses centrales à charbon en raison de l'abandon du nucléaire.
Berlin soupçonne Paris de vouloir une exception procurant un avantage compétitif à son industrie.
- Compromis ?
"Parce que le bon sens ne doit jamais être l'ennemi de la stratégie", la France a "bon espoir" de s'entendre avec l'Allemagne sur la réforme du marché de l'électricité, a assuré Emmanuel Macron vendredi.
Mais même si un accord au forceps est obtenu, les batailles que se livrent les deux pays sur l'énergie s'insinuent dans toutes les négociations européennes en cours sur le sujet : l'Allemagne souhaite une extension massive des réseaux électriques sur le continent afin de pouvoir importer de l'énergie ; la France mise sur la souveraineté énergétique et la production nationale. La France veut pouvoir utiliser l'énergie nucléaire pour produire de l'hydrogène propre ; l'Allemagne est réticente, etc.
Un nouveau front pourrait apparaître avec le projet de Berlin, encore débattu au sein du gouvernement, de subventionner le prix de l'électricité industrielle pour aider les entreprises.
"Nous travaillons à un compromis plus large sur les questions énergétiques", a déclaré début octobre au Financial Times, un responsable allemand, Sven Giegold.
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