France-Hollande conjugue passé et futur en Afrique du Sud

De Pretoria à Johannesburg, le président français marchera dans les pas de François Mitterrand, premier chef d'Etat étranger à fouler le pays de Nelson Mandela après les premières élections multiraciales, en 1994.

De même, la première visite à l'étranger de Nelson Mandela après sa libération le 11 février 1990 au terme de 27 ans en prison fut pour la France, où il comptait de nombreux soutiens.

Pas de rencontre prévue toutefois la semaine prochaine entre François Hollande et "Madiba", à l'état de santé vacillant, mais des gestes symboliques comme la visite à Soweto de l'ancienne maison du héros national sud-africain, dont l'épouse Graça Machel est annoncée au dîner d'Etat offert en l'honneur du président français et sa compagne, Valérie Trierweiler.

"Aucun discours fleuve sur la relation entre la France et l'Afrique mais des prises de parole centrées sur l'Afrique du Sud" émailleront la visite présidentielle, dit-on à l'Elysée.

François Hollande sera accompagné par huit ministres, dont le chef de la diplomatie Laurent Fabius, Premier ministre au moment des prémices de la fin de l'apartheid, et la ministre de la Justice Christiane Taubira.

MALI ET CENTRAFRIQUE

A l'image de cette dernière, des personnalités naguère impliquées dans la lutte pour l'égalité seront du voyage, comme l'ancien président de SOS Racisme devenu premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, et l'ancien numéro un du Parti communiste aujourd'hui sénateur et président du groupe d'amitié
France-Afrique du Sud, Robert Hue.

Plusieurs entretiens sont prévus entre François Hollande et Jacob Zuma, influent dirigeant consulté au gré des crises qui secouent le continent.

La situation en RCA, objet d'une résolution onusienne cette semaine, au Mali, où la France intervient militairement contre les islamistes, et en République démocratique du Congo, où
l'Afrique du Sud a déployé des soldats, sont au menu des discussions, préambule au sommet sur la paix et la sécurité en Afrique prévu début décembre à Paris.

Le volet économique est aussi important dans ce pays de 52 millions d'habitants en pleine expansion, qui absorbe déjà 20% des exportations françaises en Afrique subsaharienne.

Paris entend "favoriser le climat des affaires entre les entreprises françaises et sud-africaines" comme François
Hollande l'a déjà fait en Chine et en Inde, en attendant le Brésil en décembre, explique une conseillère de la présidence.

Des accords de coopération seront signés, dont l'un prévoit l'octroi d'un prêt de 100 millions d'euros pour la construction d'une centrale solaire et d'une ferme éolienne.

Des accords commerciaux dans les domaines de l'énergie et des transports pourraient être conclus autour de la visite du président, dont les voyages sont souvent liés aux affaires.

FAVORISER LE CLIMAT DES AFFAIRES

Celui de François Hollande au Japon, en juin, a favorisé l'achat de 31 avions Airbus par Japan Airlines, annoncé début octobre.
Des dirigeants d'EADS, Areva, Alstom, EDF, Orange, Thales, GDF Suez ou encore Safran seront du voyage sud-africain, où le président participera avec son homologue à un forum économique à Pretoria.

Total vient d'annoncer son entrée dans l'exploration offshore en Afrique du Sud avec l'acquisition d'une participation de 50% auprès de la compagnie sud-africaine CNR International, dans un permis situé en eaux profondes.

L'approvisionnement en énergie est une question majeure pour les Sud-Africains, qui possèdent une centrale nucléaire et des centrales thermiques construites avec l'aide de la France.

"L'Afrique du Sud a un besoin énorme en énergie, notamment pour ses industries minières. Elle est dans une recherche tous azimuts, qu'il s'agisse de centrales thermiques, de barrages hydroélectriques, d'énergies renouvelables de type solaire ou encore de recours au nucléaire", explique un diplomate français.

"On veut créer une atmosphère pour que les entreprises françaises puissent faire valoir leurs qualités auprès des décideurs sud-africains, créer toutes les conditions favorables pour qu'elles l'emportent", ajoute-t-il.