"Inquiétude grandissante" de l'AIEA quant à l'Iran

VIENNE, 18 novembre (Reuters) - Le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) exprime son "inquiétude grandissante" face aux activités nucléaires iraniennes, dans une résolution approuvée vendredi.

Le texte, adopté par 32 voix contre deux - Cuba et l'Equateur - et une abstention - l'Indonésie - ne propose toutefois aucune mesure concrète pour mettre l'Iran au pas, signe des fortes réticences de Moscou et de Pékin à accroître l'isolement de Téhéran.

Il a néanmoins suscité une réponse ferme de l'Iran, qui s'es't opposé à la venue dans l'immédiat d'une délégation de l'AIEA, proposée jeudi par le directeur général de l'agence Yukiya Amano.

Selon la Maison blanche, le texte a mis en lumière la "fourberie des affirmations iraniennes", selon lesquelles le programme nucléaire serait exclusivement à des fins énergétiques. Les Etats-Unis continueront à faire pression sur Téhéran par le biais des sanctions, ajoute-t-elle.

La France a quant à elle menacé l'Iran de "sanctions d'une ampleur sans précédent" s'il refuse "de se conformer à ses obligations internationales". (Voir )

La résolution, fruit d'un compromis entre les six puissances en première ligne dans le dossier iranien (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne), fait état d'"une inquiétude profonde et grandissante à l'égard des questions en suspens relatives au programme nucléaire iranien, y compris celles qui doivent être clarifiées afin d'exclure l'existence de possibles dimensions militaires".

Elle fait suite au rapport de l'AIEA publié la semaine dernière, qui évoque de "sérieuses inquiétudes concernant une possible dimension militaire du programme nucléaire iranien" et note que des activités relatives à la mise au point d'un engin explosif nucléaire "pourraient se poursuivre actuellement". (voir )

PRESSION

L'Iran a menacé l'AIEA de poursuites judiciaires pour la publication de ce rapport, qualifié par l'ambassadeur iranien auprès de l'agence onusienne de "non-professionnel, déséquilibré, illégal et politisé". "Les résolutions basées sur ce rapport (...) n'auront aucune légitimité légale et ne seront donc pas applicables", a ajouté Ali Asghar Soltanieh.

Réagissant au vote de la résolution, il a affirmé que son pays n'arrêterait pas "une seconde" l'enrichissement d'uranium.

Son "seul effet immédiat, c'est de raffermir la détermination de la nation iranienne à poursuivre sans aucun compromis ses activités nucléaires pacifiques", a-t-il affirmé.

L'émissaire a ajouté que l'Iran ne participerait pas au sommet sur le désarmement nucléaire prévu la semaine prochaine à Vienne entre pays du Moyen-orient.

Les puissances occidentales et Israël espéraient que le rapport de l'AIEA ouvrirait la voie à une action internationale concrète comme un renvoi de la question iranienne devant le Conseil de sécurité de l'Onu.

"Cela ne fait pas augmenter de façon irréversible la pression sur l'Iran", constate Mark Hibbs, spécialiste de la prolifération nucléaire au Carnegie Endowment for International Peace.

Le Conseil de sécurité a imposé quatre trains de sanctions à l'Iran depuis 2006. Mais la Russie et la Chine, dont l'Iran est un partenaire commercial et énergétique, s'opposent à toute sanction supplémentaire. (Henri-Pierre André et Clément Guillou pour le service français)