Le pétrole libyen pourrait mettre un an à repartir


23/08/2011 | 822 mots | ENERGIE RECRUTE | PÉTROLE, GAZ, CHARBON

22 août (Reuters) - Six mois de guerre civile ont plongé l'industrie pétrolière de la Libye dans le chaos, et la rapidité de la reprise de la production et des exportations une fois le conflit terminé dépendra des dégâts, encore difficiles à évaluer, constatés sur les infrastructures du pays.

Un responsable de la compagnie pétrolière libyenne Arabian Gulf Oil Company (AGOCO), qui exploite les gisements de Sarir et Mesla sous le contrôle des rebelles, a déclaré vendredi que sa production pourrait reprendre d'ici trois semaines.

Mais d'après une enquête réalisée en juillet par Reuters auprès de 20 analystes et responsables de l'industrie pétrolière, il faudra jusqu'à un an pour relancer la production libyenne de pétrole à plus d'un million de barils par jour (bpj), et jusqu'à deux ans pour que le pays retrouve son niveau de production d'avant guerre, soit 1,6 million de bpj.

"Personne n'a vraiment une idée précise des dégâts qu'ont subi les infrastructures pétrolières durant la guerre", rappelle Mike Wittner, directeur de la recherche sur le marché du pétrole à la Société Générale à New York.

"Dès qu'il y aura un certain niveau de sécurité pour le personnel, il ne faudra pas trop longtemps aux entreprises pétrolières pour renvoyer leurs salariés au travail. Si l'argent est là, ils y retourneront", remarque-t-il toutefois.

PRODUCTION ET EXPORTATIONS PÉTROLIÈRES EN LIBYE

* Jusqu'au début de l'année, la Libye était le 17e producteur de pétrole dans le monde et le troisième en Afrique.

* Le pays détient les plus grandes réserves de pétrole brut du continent et environ 85% de ses exportations sont tournées vers l'Europe.

* La production libyenne de pétrole représentait avant la guerre environ 2% de la consommation mondiale, mais les troubles politiques l'ont réduite à moins de 100.000 barils par jour et ont suspendu les exportations. De nombreux gisements pétroliers dépendent en effet de travailleurs étrangers, qui ont quasiment tous quitté le pays.

* Le bassin de Syrte accueille environ 80% des gisements pétrolifères confirmés du pays et couvre la ligne de front opposant les rebelles aux forces fidèles à Mouammar Kadhafi. D'autres lieux clés de l'industrie pétrolière du pays sont toujours entre les mains des forces pro-Kadhafi.

* La Libye possède six principaux terminaux pétroliers d'exportation, énumérés ci-dessous avec les volumes de janvier fournis par l'Agence internationale de l'énergie (AIE). L'état actuel de leurs infrastructures n'est pas connu avec certitude:

- Es Sider (447.000 bpj)

- Zoueitina (214.000 bpj)

- Zaouiah (199.000 bpj)

- Ras Lanouf (195.000 bpj)

- Marsa El Brega (51.000 bpj)

- Tobrouk (51.000 bpj)

- autres terminaux non spécifiés (333.000 bpj)

COMPAGNIES PÉTROLIÈRES PRÉSENTES EN LIBYE

* Avant le début de la guerre civile, l'industrie pétrolière libyenne était gérée par une compagnie étatique, la National Oil Corporation (NOC), qui eeprésentait la moitié environ de la production du pays.

* Depuis le début des combats, le Conseil national de transition (CNT) libyen, avec l'aide du Qatar, a réussi à exporter un peu de pétrole au moyen de deux tankers, l'une des cargaisons étant destinée aux Etats-Unis et l'autre à Italie.

* On ne sait pas comment l'industrie pétrolière sera structurée après la guerre mais elle pourrait être confiée à la compagnie libyenne Arabian Gulf Oil Company (AGOCO).

* L'italien ENI, présent en Libye depuis les années 1950, est le premier groupe pétrolier étranger du pays, avec une production de 270.000 barils d'équivalent pétrole par jour en 2010. Ses contrats de production pétrolière courent en théorie jusqu'en 2042.

Son président Giuseppe Recchi a dit lundi que Libye pourrait à nouveau redevenir une source pétrolière et gazière avant l'hiver une fois le conflit terminé.

* La participation totale des compagnies pétrolières suivantes en Libye - parmi lesquelles beaucoup ont exploité des gisements au nom de la NOC - atteignait près de 500.000 barils par jour avant le début du conflit. Le statut de leurs contrats à l'issue de la guerre civile devra être clarifié:

Entreprise bpj Statut des activités

en Libye

Eni 108.000 Incertain

Wintershall 98.600 Fermées

Total SA 60.000 Fermées

Marathon 45.800 Incertain

Conoco 45.000 Fermées

Repsol 36.000 Incertain

Suncor 35.000 Fermées

OMV 33.000 Fermées

Hess 22.000 Incertain

Occidental 6.000 Incertain

Statoil 4.500 Incertain

= TOTAL 493.900 -

(Sources: IHS Herold et Reuters)

Voir aussi:

* La reprise de la production pétrolière après-guerre en Iran, Irak, Koweït et Libye: http://r.reuters.com/bym33s

* Estimation par Wood Mackenzie de la reprise de la production libyenne: http://r.reuters.com/zap33s

* Carte (Wood Mackenzie) des bassins pétrolifères libyens:

http://r.reuters.com/tap33s

(Compilé par Christopher Johnson, Natalie Huet pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)


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