Texte-clé du Pacte vert devenu un épouvantail pour les agriculteurs, une législation imposant de "restaurer la nature" voit sa survie menacée par les eurodéputés conservateurs du PPE, première force politique au Parlement européen, lors d'un vote final mardi.
Les négociateurs du Parlement et des Etats membres s'étaient entendus mi-novembre sur ce projet législatif imposant d'établir d'ici 2030 des mesures de restauration sur 20% des terres et espaces marins à l'échelle de l'UE.
Il faut un ultime vote des eurodéputés, mardi en séance plénière à Strasbourg, dans l'est de la France, pour entériner le texte - un feu vert d'habitude formel à ce stade, mais désormais compromis par l'opposition du Parti populaire européen (PPE).
"Le groupe PPE votera contre (...) Nous ne voulons pas de nouvelles formalités bureaucratiques et obligations pour les agriculteurs. Laissons les agriculteurs cultiver", a indiqué l'eurodéputé roumain Siegfried Murecan, vice-président du PPE.
En pleine grogne agricole à travers l'UE, les deux tiers des eurodéputés présents lors d'une réunion de groupe se sont prononcés pour que le PPE émette une consigne de rejet, selon une source parlementaire.
"Depuis des mois, nous alertons sur les dangers d'un texte dont le principe est d'organiser la décroissance: alors que le monde agricole crie sa colère, soutenir ces nouvelles normes serait une erreur", a réagi l'élue française PPE Anne Sander.
Sous la pression de la droite, à l'issue d'une épique bataille politique, le Parlement européen avait complètement supprimé l'article ciblant les terres agricoles dans son mandat de négociation adopté en juillet.
Mais par la suite, l'article avait été réintroduit lors des pourparlers avec les Etats membres, quoique sous une forme très édulcorée.
Selon l'accord final, les Etats devraient prendre des mesures "visant à parvenir à des tendances en hausse" pour deux de trois indicateurs (papillons, carbone dans le sol, part des terres agricoles "à haute diversité") en renforçant la population d'oiseaux.
Et le texte prévoit qu'au moins 30% des tourbières drainées utilisées en agriculture soit restaurées d'ici 2030, dont un quart en les réhumidifiant - au risque, selon les élus conservateurs, de réduire les rendements.
"Il est préférable de repartir de zéro et de donner la priorité aux intérêts des agriculteurs", a souligné Siegfried Muresan.
Le texte constitue une ligne rouge pour le Copa-Cogeca, organisation des syndicats agricoles majoritaires européens, vent debout contre le "fardeau" des normes environnementales de l'UE et qui a appelé le Parlement à le rejeter.
"La proposition de compromis a rétabli de nombreuses dispositions irréalistes et sans budget prévu (pour les appliquer). Aucun eurodéputé votant demain ne pourra dire qu'il ignorait l'impact sur le secteur agricole", a-t-il averti dans un communiqué.
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