PARIS, 22 juin (Reuters) - Cellectis devra démontrer d'ici à janvier 2013 que sa chirurgie du génome peut permettre de créer des biocarburants de troisième génération à partir de microalgues, a déclaré son directeur général à Reuters.
En cas de succès, la biotech se donne ensuite quatre ans pour passer, à une production pilote de substituts pétroliers avec l'aide de Total, son partenaire dans ce domaine depuis janvier dernier. (voir )
"L'enjeu au cours de la première année qui va s'achever en janvier 2013 est de démontrer l'efficacité de notre technologie dans les algues qui n'a pas encore été démontrée par qui que ce soit", a expliqué André Choulika, directeur général de la société de biotechnologie lors d'un entretien accordé à Reuters.
"Si cette étape est franchie on se donne un horizon de quatre ans avec Total pour obtenir un procédé pilote de plusieurs milliers de litres de production", a-t-il ajouté. "Cette étape devra concerner un nombre significatif de millions d'euros et cela chaque année et toute les années du développement."
Il a souligné que l'étape industrielle "plus longue et plus coûteuse" que la phase technologique conduirait à revoir "les équilibres avec Total, d'un point de vue financier notamment".
Dans le cadre de leur accord, Cellectis et Total se sont engagés à supporter à parts égales le coût, non divulgué, de ce programme sur lequel une dizaine de chercheurs travaillent depuis février. De même, ils détiendront à 50-50 les technologies et les produits issus de leurs travaux.
Les coûts de développement du projet, d'au moins quelques millions d'euros par an dans les premières années, pourraient atteindre à terme quelques dizaines de millions d'euros pour une unité pilote, a expliqué André Choulika.
Le partenariat de Cellectis et de Total est concurrent de celui signé en juillet 2009 entre l'américain Exxon Mobil et l'entreprise de biotechnologies Synthetic Genomics. Pour élaborer un biocarburant alternatif à base d'algues, Exxon prévoit d'investir jusqu'à 600 millions de dollars dans le projet.
LE CHOIX D'INVESTIR
Créée en 2000 par scission de l'Institut Pasteur, Cellectis conçoit et commercialise des ciseaux moléculaires intervenant sur l'ADN afin de modifier ou remplacer un gène porteur d'une mutation responsable de maladies ou de modifier un organisme végétal.
L'ingénieur du génome propose cette technologie à la recherche académiques, aux acteurs de la bioproduction, de l'agriculture et de la pharmacie. Il a ouvert des partenariats Merck, AstraZeneca, Regeneron, BASF , Monsanto et Novartis.
Prié de commenter les perspectives de résultats de Cellectis, Marc Le Bozec, son directeur financier, a estimé qu'il était "raisonnable" que la société parvienne à "un équilibre économique autour de 2014".
Alors que la société a perdu 23,8 millions d'euros en 2011, son directeur financier a observé qu'elle aurait pu arriver plus tôt à l'équilibre de ses comptes si ses dirigeants avaient restreint ses investissements de recherche et développement.
"Or, on a choisi d'investir pour constituer un portefeuille de produits à très forte valeur ajoutée".
Cellectis qui compte trois pôles d'activités (produits et services à destination des chercheurs, thérapeutique, biologie industrielle) devrait être tiré par le premier dans les trois prochaines années grâce aux nouvelles offres proposées, a ajouté le directeur financier.
Cellectis, qui a démarré 2012 avec une trésorerie de 43 millions d'euros, consacre les deux tiers de ses efforts à la recherche et le reste à la conception, la fabrication et la commercialisation de produits et de services.
Son capital est détenu a 60% par des actionnaires stables (le FSI, Pierre Bastid, Cellartis, André Choulika et David Sourdive, ses fondateurs), le solde étant dans le public.
Introduite en Bourse en 2007 au cours de 10,25 euros, l'action Cellectis coté à 5,39 euros (-0,19%) vers 14h00 donnant une capitalisation boursière de quelque 110 millions d'euros. Elle a cédé 14,8% depuis le début de l'année, à peu près autant que l'an dernier.
Voir aussi :
Cellectis se renforce dans les cellules souches
Biotech-Au moins trois nouvelles IPO d'ici fin 2012 (Noëlle Mennella, édité par Cyril Altmeyer)
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