Les premières éoliennes du parc Yeu-Noirmoutier bientôt installées

À Saint-Nazaire, les préparatifs s’intensifient pour la construction du parc éolien en mer de Yeu-Noirmoutier. Ce projet, piloté par Ocean Winds – coentreprise d’Engie et EDP Renewables – alimentera d’ici fin 2025 près de 800 000 personnes en électricité décarbonée.

Depuis le centre de coordination maritime installé à proximité de l’ancienne base sous-marine, les opérations sont scrutées en temps réel. Sur les écrans de contrôle, on aperçoit un jack-up vessel – navire auto-élévateur – en train de poser les monopieux servant de fondations aux futures éoliennes. "La 47e est en cours d’installation", précise Julien Voisine, responsable de chantier offshore.

La pose des turbines débutera en mai, pour une finalisation complète en septembre. Le parc, qui s’étend sur 83 km², comprendra 61 éoliennes Siemens Gamesa. La mise en service est prévue pour fin novembre 2025.

Ce projet mobilise de nombreuses entreprises françaises : la sous-station électrique offshore est construite par les Chantiers de l’Atlantique, et la société vendéenne Rollix fournit les couronnes d’orientation. En tout, le contenu du parc est composé à 90-95 % de composants européens, dont 50 % français, affirme Marc Hirt, directeur général d’Ocean Winds France.

L’exploitation et la maintenance du parc seront assurées depuis l’île d’Yeu. Des investissements ont été réalisés pour favoriser l’installation des techniciens sur place. Jusqu’à 1 600 emplois (techniciens, ingénieurs, ouvriers…) sont mobilisés au cours du projet, avec un pic d’environ 600 personnes sur site.

Le parc, quatrième du genre en France après ceux de Saint-Nazaire, Fécamp et Saint-Brieuc, est situé entre 12 et 16 km au large des ports de l’île d’Yeu et de Noirmoutier. Afin de préserver l’activité des pêcheurs locaux, les éoliennes sont implantées dans le sens des courants dominants.

Chaque éolienne affiche une puissance de 8 MW et fonctionnera environ 90 % du temps, soit une capacité totale de 488 MW. L’électricité produite sera vendue à EDF OA à un tarif contractuel de 167 € par mégawattheure. Selon les estimations, cela permettra d’alimenter 800 000 foyers ou un million de véhicules électriques par an.

Le coût global du projet s’élève à 2,5 milliards d’euros. Lancé en 2014, il a nécessité près de dix ans de développement, notamment en raison de nombreux recours juridiques. "En France, les délais sont parmi les plus longs d’Europe", regrette Marc Hirt. "Ce qui peut être fait en six ans ailleurs prend presque le double ici."

Sur le port, devenu un véritable hub de pré-assemblage, les composants s’accumulent : tours de 92 mètres, pales de 81 mètres, et nacelles attendent leur tour pour être installés en mer. Une fois assemblées, les éoliennes atteindront 202 mètres de haut, avec un diamètre de 167 mètres.

Frédéric Petit, président de Siemens Gamesa France, précise : "Le navire transporte quatre éoliennes à la fois. Il faut que le stock suive la cadence sans interruption." Les pièces arrivent notamment des ports de Brest, La Rochelle, Dunkerque et du site de production du Havre.