L’éolien en mer propulse les Chantiers de l’Atlantique vers un renouveau industriel

Les Chantiers de l'Atlantique, basés à Saint-Nazaire, affichent une dynamique industrielle renouvelée, portée notamment par le développement de l’éolien en mer. Après une période de crise au début des années 2010, le dernier grand chantier naval français a retrouvé le chemin de la croissance en misant sur la diversification, en particulier dans les énergies marines.

Frédéric Grizaud, directeur de l’activité Énergies Marines, revendique un rôle de pionnier dans le développement de cette filière en France. Il rappelle avoir lancé cette activité à une époque où l’éolien offshore suscitait peu d’intérêt dans l’Hexagone. Aujourd’hui, les Chantiers de l’Atlantique se positionnent comme le deuxième acteur européen dans ce secteur en plein essor.

La construction de sous-stations électriques pour les parcs éoliens en mer constitue un des piliers de cette activité. Ces structures métalliques, telles que celle destinée au parc de Dieppe Le Tréport, permettent de collecter l’électricité produite par les éoliennes avant de l’acheminer vers le réseau. Leur valeur peut atteindre entre 100 et 300 millions d’euros. Le projet du Tréport est mené par Ocean Winds, coentreprise d’Engie et d’EDP Renewables.

Les Chantiers se sont engagés dans l’éolien offshore dès 2010, alors qu’ils étaient encore sous pavillon sud-coréen, avec STX Europe. Confrontée à des difficultés de compétitivité et à des annulations de commandes, l’entreprise avait alors misé sur une stratégie de relance en s'appuyant sur le développement des énergies marines. Devenue Chantiers de l’Atlantique en 2018, l’entreprise est désormais détenue majoritairement par l’État français, via l’Agence de Participations de l’État, et en partie par Naval Group.

La croissance de cette activité est soutenue. Le chiffre d’affaires lié aux énergies marines a doublé entre 2023 et 2024, et devrait à nouveau doubler d’ici 2025, pour atteindre environ 400 millions d’euros. L’entreprise emploie 420 salariés, auxquels s’ajoutent chaque jour entre 600 et 700 intervenants mobilisés sur ses projets.

La production de sous-stations s’effectue avec des équipements majoritairement européens, dont 80 % sont d’origine française. Le projet du Tréport a mobilisé environ 200 entreprises françaises, réparties sur l’ensemble du territoire, bien au-delà des seules régions côtières. La moitié de l’activité sous-traitée concerne des entreprises situées dans l’ouest de la France, l’autre moitié est répartie sur les régions de l’est et du sud-est.

Sur la scène internationale, les principaux concurrents des Chantiers sont également européens. L’industrie de l’éolien offshore, née en Europe, repose sur un savoir-faire spécifique qui permet aux entreprises du continent d’être compétitives face à des marchés comme celui de la Chine, considéré comme fermé, ou celui des États-Unis.

Afin d’accompagner la croissance du secteur, les Chantiers de l’Atlantique prévoient d’investir 100 millions d’euros pour doubler leur capacité de production de sous-stations, avec notamment la création de la deuxième plus grande alvéole de peinture d’Europe. À plus long terme, autour de 2040, l’entreprise anticipe une vague de renouvellement des premières éoliennes installées au début des années 2000.

Portés par une demande croissante, la compétitivité industrielle et la volonté d’investir, les Chantiers de l’Atlantique incarnent le renouveau d’une filière industrielle française tournée vers la transition énergétique.