Sécheresse et crues : la double menace sur les barrages canadiens

Le Canada, l'un des principaux producteurs mondiaux d'hydroélectricité, fait face à des défis croissants en raison du changement climatique, avec des épisodes météorologiques extrêmes perturbant sa production d'énergie. Les trois provinces les plus productrices, le Québec, la Colombie-Britannique et le Manitoba, ont connu ces dernières années une sécheresse prolongée, ce qui a entraîné une baisse significative de la production d'hydroélectricité. Ces événements ont également contraint le pays à réduire ses exportations d'énergie vers les États-Unis, qui ont atteint un niveau historiquement bas, selon l'Agence fédérale des statistiques.

L'hydroélectricité représentant plus de 60% de la consommation énergétique du Canada, cette situation a créé des tensions internes, poussant le pays à importer de l'énergie en provenance des États-Unis en début 2024, une première en huit ans. Ce phénomène de réduction de la production d'hydroélectricité n'est pas propre au Canada : d'autres grands producteurs mondiaux comme la Chine, les États-Unis et la Turquie ont également observé une baisse de leur production, avec l'année 2023 marquée par un déclin mondial selon l'Agence internationale de l'énergie.

Dans le nord du Québec, le barrage Daniel-Johnson, l'un des plus grands du pays, n'a pas vu son réservoir se remplir depuis plus d'un an. Pierre-Marc Rondeau d'Hydro-Québec reconnaît que l'entreprise ressent déjà les effets du changement climatique, ce qui l'oblige à adapter ses méthodes de gestion des réservoirs pour faire face à des événements climatiques imprévisibles, tels que des crues soudaines ou des sécheresses prolongées. Cette nouvelle réalité demande une planification rigoureuse pour garantir l'approvisionnement énergétique tout en équilibrant les stocks.

En raison de la baisse de production, Hydro-Québec a dû restreindre ses exportations pour répondre à la demande locale, ce qui a conduit à une diminution de ses profits de 30% pour les neuf premiers mois de 2024. Malgré ces difficultés, l'entreprise a investi dans de nouvelles infrastructures, telles que des lignes de transmission, et a signé des contrats à long terme avec des clients aux États-Unis, cherchant à diversifier ses sources de revenus face à l'incertitude climatique.

L'impact du changement climatique sur les barrages va au-delà de la production d'énergie. Selon des experts, les crues subites, autrefois rares, sont désormais plus fréquentes, avec des événements de précipitations soudaines observés au Québec et en Ontario. Le cycle hydrologique est en pleine transformation, avec des volumes d'eau plus importants que ceux auxquels les barrages ont été conçus pour faire face. Pour répondre à ces défis, un groupe de chercheurs travaille sur de nouvelles lignes directrices pour la gestion des barrages, soulignant la nécessité de réviser les infrastructures vieillissantes, dont beaucoup ont plus de 50 ans, pour les adapter aux phénomènes climatiques extrêmes.