A la Défense, des salariés très mobilisés contre l'OPA de Veolia

AFP

23/09/2020 | 846 mots | ENERGIE RECRUTE | PÉTROLE, GAZ, CHARBON

"Veolia, ton OPA on n'en veut pas!" La clameur, accompagnée de fumigènes rouges et bleus, tranche sur l'ambiance policée de La Défense, où plusieurs centaines de salariés du groupe de traitement de l'eau et des déchets Suez manifestaient mardi en bas de la Tour Engie.

L'intersyndicale de Suez a appelé à une journée de mobilisation avec appel à la grève et à se rassembler devant la tour Engie à qui Veolia propose de racheter ses 29,9% dans Suez.

"Adieu Clamadieu" (Jean-Pierre Clamadieu, président d'Engie) scandaient les manifestants, arborant des casques avec la mention "Always Suez" et des gilets fluo siglés du nom de leur syndicat.

Beaucoup ne sont pas syndiqués, à l'instar de Marjolaine, salariée de Suez Eau France depuis dix ans, venue pour "conserver un groupe qui offre une visibilité à ses salariés".

Pour elle, l'OPA de Veolia, suivie de la revente de la branche eau à un fonds d'investissement (Meridiam), "n'a pas de sens". "On cède tous nos savoir-faire à Veolia", dit-elle.

Alexis, lui aussi trentenaire non syndiqué, est parti à 7H00 du matin de Montgeron dans l'Essonne avec une poignée de jeunes salariés de l'assainissement pour protester contre l'OPA. "C'est l'inconnu. Il vaut mieux avoir un gros groupe comme Suez derrière nous qu'un fond d'investissement qui ne connaît rien au métier", avance-t-il.

- "Tout est déjà ficelé" -

Une délégation de l'intersyndicale de Suez partie à 9H30 vers Matignon pour demander un rendez-vous officiel au Premier ministre arrive avec force klaxons et fumigènes sur le parvis de la tour Engie.

"Nous avons été reçus par un conseiller à qui nous avons expliqué notre vision: il est important de préserver deux leaders dans les domaines de l'eau et des déchets en France, pour maintenir une concurrence saine sur des métiers essentiels", explique Franck Reinhold von Essen, secrétaire (CGT) du comité d'entreprise européen de Suez.

"On demande une conférence associant toutes les parties, une sorte de Grenelle avec les groupes concernés, les syndicats, les collectivités territoriales. Il faut qu'on se donne le temps, 3 mois, 6 mois, pour statuer sur des enjeux qui concernent des biens aussi essentiels", dit-il.

"L'autorité de la concurrence demandera certainement à Veolia de céder des pans entiers d'activité. Il y aura forcément une grosse casse sociale, rien qu'en France, ce sont 29.000 emplois chez Suez, dont 75% devront être cédés. Si on applique le taux de 20% qui est retenu pour les restructurations, cela fait 4 à 5.000 emplois supprimés à l'horizon de deux ou trois ans" précise-t-il.

Une estimation qui recoupe celle du directeur général adjoint de Suez Jean-Marc Boursier: "Evidemment que ça aboutirait à une casse sociale. On l'a chiffrée à 10.000 personnes dans le monde dont 4 à 5.000 en France", a-t-il indiqué mardi devant quelques journalistes lors d'une visite de site.

Éric Buttazzoni, ex-coordinateur groupe CGT d'Engie SA, aujourd'hui retraité, rappelle que "dans les années 2000 on nous disait que GDF était trop petit pour rester indépendant."

Engie est né en 2008 de la fusion entre GDF et Suez. "Et aujourd'hui, on nous dit qu'Engie doit se recentrer et céder l'eau, les services. Il ne restera que l'ancien GDF et les renouvelables, soit moins de la moitié du groupe actuel", déroule-t-il.

Il est persuadé que "le projet derrière tout ça, c'est une vente par morceaux d'Engie au meilleur prix. Total rachètera les énergies renouvelables et l'achat et la vente de gaz, et on bradera les infrastructures à la Caisse des dépôts et consignations. Tout ça est déjà ficelé", s'indigne-t-il.

Suez bataille pour son indépendance depuis que son actionnaire principal, Engie, s'est vu offrir cet été par Veolia de lui céder ses parts pour 2,9 milliards d'euros. Le géant de l'énergie a jusqu'au 30 septembre pour répondre à la proposition.

Les dirigeants de Suez et Veolia doivent expliquer mercredi leurs motivations devant la commission des finances de l'Assemblée nationale. Un groupe de travail pourrait ensuite être créé.

mpf/bfa/cbn


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